Zoonose

 

Dans le contexte

Ce mot savant désigne les pathologies transmises à l’homme par l’animal. Hier la rage, aujourd’hui le  COVID-19 ou la grippe aviaire, Ebola, la Dingue… Ces zoonoses sont des conséquences de la destruction des biotopes par la déforestation, l’urbanisation et les voyages – travail ou tourisme – dans lesquels les humains déplacent avec eux toutes sortes d’agents infectieux.

Les échanges zoonotiques se font dans les deux sens et dans la crise, la question des animaux de compagnie s’est posée : les chats et les chiens peuvent-ils être infectés ? Ou peuvent-ils transmettre le virus à leurs maîtres ?

Il faut noter que ce zoonose particulier sous la menace duquel nous vivons aujourd’hui, aussi angoissant qu’invisible, a été source de nombreux récits, jusqu’aux plus complotistes, comme s’il était un héros maléfique.

 

Dans l’histoire
Le terme n’est pas du tout nouveau puisqu’il date de l’époque de Pasteur mais il restait uniquement connu des chercheurs spécialisés. Pour la petite histoire, il a été créé par un médecin pathologiste allemand, Rudolf Virchow, qui exerçait à l’hôpital de la Charité de Berlin, là même où le professeur Christian Drosten, a mis au point en janvier dernier les premiers tests européens contre le virus.

Nosos veut dire maladie en grec, mais c’est la première partie du mot qui est vraiment intéressante : zoon, la vie, le vivant qui englobe l’humain et l’animal. Cette vie à l’état brut se distingue de la bios, qui donne Biologie ou Bio est désigne cette fois la vie, dans laquelle l’homme est prépondérant grâce à son langage et son intelligence. Il peut rester une sorte d’animal, mais comme l’a précisé Aristote, il est un animal politique : capable d’organiser sa vie avec d’autres, sa vie dans la cité, la civilisation.

La distinction entre Bios et Zoos est cœur de la philosophie contemporaine qui se demande si le progrès est ou non bénéfique à l’Homme… Elle reprend ainsi une mythologie qui faisait de Prométhée et Pandora, un couple d’opposés pour construire le monde. Celle-ci parce qu’elle était pulsionnelle, dans la vie-zoon, ouvrait sa boîte et laisser s’échapper tous les malheurs, toutes les maladies. Tandis que celui-là, déjà dans la vie-bios, volait le feu aux dieux pour permettre aux hommes d’accéder aux techniques et au progrès.

 Pour la suite

Cette double vision s’impose plus que jamais à nous aujourd’hui. Comment équilibrer au mieux la vie organique et la vie civilisée ? Par exemple, jusqu’où irons-nous dans les techniques d’enquête et de traçage au nom de notre santé ? Seront-elles, au nom de la survie, une menace pour notre civilisation de la liberté ?…

De même, dans notre alimentation, le bio peut-il être un progrès accessible à tous sans risques sanitaires ? Toutes sortes de questions à la frontière du pratique et de l’éthique sont devant nous… Et la dispute entre désir de progrès et crainte des effets pervers de ce progrès se rejouera comme au temps de Pandora et Prométhée…

A ce propos, un détail de leur histoire peut nous aider. Quand Pandora libère  le contenu de sa boîte, l’un des « esprits » reste à l’intérieur. Il s’appelle l’Espoir. Un sentiment dont les Anciens disaient que les animaux avaient la chance d’en être délivrés car il met dans l’attente intranquille vis-à-vis de l’avenir. Un sentiment exigeant réservé à l’Humanité…

 

Mariette DARRIGRAND pour LA CROIX

 

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