PASSEPORT

Le principe d’un passeport vaccinal est à l’étude. Il n’est encore qu’un projet mais il suscite déjà des polémiques. On lui reproche d’établir une discrimination, de rompre le principe d’égalité entre les citoyens. C’est beaucoup pour un petit bout de papier… Plus exactement, une simple case cochée sur la fameuse appli Anti-Covid.

En fait, il faudrait plutôt parler de « sauf-conduit », document permettant à certaines personnes de circuler, pour des raisons conjoncturelles, sans lien avec leur statut juridique de citoyen.

Etre conduit par une voiture, un train, un avion d’une zone à une autre dans la limite de la carte géographique décidée par l’Etat, en étant sain et sauf, surtout sain d’ailleurs, voilà la vérité de la liberté proposée à ceux qui auront été vaccinés. Mini liberté dans un cadre hyper-contrôlé. Mais on peut imaginer que le terme « sauf-conduit » serait senti comme vraiment trop médiéval, ne faisant qu’appuyer sur le vocabulaire carcéral dont « confinement » est le grand-maître.

Avec un passeport
, c’est le contraire. La liberté conduit de nouveau le peuple ! Les vacances à l’étranger se profilent, la belle réouverture des frontières arrive, le voyage à l’ancienne revient… On en viendrait à désirer les files d’attentes dans les aéroports, les contrôles aléatoires, les valises ouvertes à tous vents et sondées par la bien peu aimable police d’aéroport.

Le terme « passeport » n’est pas juste sur le fond, cependant il a une vraie valeur : ayant fait irruption de manière spontanée, non réfléchie, dans l’imagination confinée d’un fonctionnaire gestionnaire de la crise, il faut le prendre comme un joli petit lapsus. Un signe d’envie de vacances au soleil. Un besoin d’insouciance bête, de bord de piscine sans prise de tête, sans peur, sans masque…

Bref, un désir de port, de trans-port, de passage de porte, d’échappée belle, qui aujourd’hui serait au centre de toutes les imaginations…

Mariette Darrigrand

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