Isolement

 

Dans son discours du 24 novembre 2020, le président Macron a annoncé des mesures d’Isolement pour les personnes testées positives au COVID-19. Ce qui, sur le plan des images mentales, rappelle qu’isoler, c’est au départ « faire une île ». Typiquement le geste de l’architecte qui décide qu’une pièce de la maison  ne communiquera pas avec elle et en fait une insula.

Justifié sur le plan sanitaire, le concept annule ainsi – paradoxalement – toute considération thérapeutique. Si l’on parle d’isolement des malades, on ne parle pas de leur guérison.  On les envoient, symboliquement au château d’If ou à Alcatraz, dans une île aux malades. Comme si l’isolement médical était lui-même détaché : dépourvu d’affect, sans lien avec l’humanité dont font montre les soignants.

C’est que le mot commence comme un séjour dans les Tropiques loin des soucis (télétravail, angoisse économique, souci de l’avenir des jeunes…) et finit dans la prison de Haute Sécurité (placer quelqu’un à l’isolement).

L’imaginaire contredit ainsi le symbolique. Ce n’était pas l’intention d’Emmanuel Macron, mais les mots ont une vie autonome. Il serait dommage que certaines personnes, dans quelques mois, et quand ils auront en vue cette île au trésor qu’est l’isoloir démocratique, renoncent à y entrer.

L’absention est une forme répandue d’isolationisme.

 

Mariette Darrigrand

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