Fake news

 

C’est Donald Trump qui, lorsqu’il était encore candidat en 2016, a le premier utilisé la notion. Etaient fake selon lui les arguments de Hillary Clinton et ceux des élites du pays, dont les journalistes. A l’opposé de la vérité fraîche des gens, leur discours était entièrement « fabriqué ». Et mal fabriqué. N’oublions pas que le mot fake – et non false – vient de l’industrie. Au sens propre la fake news est une paire de Ray-Ban vendue à deux dollars dans la rue…

Contre cette contre-façon, l’idéologue anti-média prétend produire sa vérité maison… Charme de l’alternatif, du produit non industriel ancré dans un terreau vrai car près de chez soi.

Dans cette vision séduisante, liée à un imaginaire sociétal porteur,  le new est crucial : il désigne non seulement la nouveauté permanente de l’actu, mais aussi la nouveauté émergente d’un nouveau récit. New mythos et new logos mêlés. On ne peut plus séparer le faux du vrai, ils vont ensemble, dans un même élan de nouveauté…

Ce mécanisme pourtant est vieux comme la rumeur. Celle d’Orléans, dénoncée à la fin des années 60 par Edgar Morin, racontait que les boutiques de vêtements de la ville pratiquaient la traite des blanches. Imaginaire romanesque lié à la figure de la Jeune fille – toujours innocente – et à celle du Juif, toujours supposé coupable, surtout s’il travaille dans le commerce ! La fake news fait toujours flamber un pré-requis idéologique.

Combattre au nom de la vérité est donc nécessaire mais très insuffisant. 20 % des jeunes américains pensent que la terre est plate… Sa rondeur ne serait qu’une fake news produite par la NASA. Contre ce genre de délires, le fact checking est un gros progrès de l’industrie médiatique – et de tous les diffuseurs de contenus – mais pour être vraiment efficace, il faut aussi plonger dans l’imaginaire et ses sombres méandres. Il faut passer du temps à décrypter l’épopée collective : tous ces récits actuels si séduisants (la guerre, l’éradication…), accompagnés de ces qualités qui font tant envie (la pureté, la puissance…).

Comme le disait Barthes, Là où il y a du langage, il n’y a pas de vérité.

Mariette DARRIGRAND

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